On pourra blâmer la société de consommation, le succès incroyable du Kleenex, ou le désenchantement du monde. Mais les faits sont là : le couple est devenu de la merde ! Qu’apporte-t-il ? À quoi sert-il ? À avoir mal ?
1/ Le couple désenchanté
Le couple a toujours été, est toujours, et sera sans doute à jamais un chemin de croix. Il nécessite des compromissions, des renonciations à ce que l’on est pour s’adapter à l’autre afin que l’autre s’adapte à nous même et, ainsi, pouvoir converger ensemble vers une satisfaction sinon un bonheur réciproque. C’est une arme très efficace pour être heureux.
Pendant longtemps, la norme sociale et religieuse ordonnait que l’on restât en couple toute sa vie avec la même personne. L’équilibre était alors parfait : on avait la certitude que quoi qu’il arrive, quelles que soient les épreuves, on aurait toujours quelqu’un à ses côtés qui nous aime. On pouvait ainsi sereinement prendre le temps de construire son chemin vers son bonheur individuel. On devait simplement en retour en faire de même pour l’autre partie de notre couple, et l’aider également dans son chemin personnel. En somme, c’était un travail d’équipe vers l’atteinte d’un bonheur individuel.
Deux changements majeurs de la société sont venus foutre un beau bordel dans cet équilibre.
Tout d’abord, le poids de la religion dans la société déclinant (voire s’inversant – la tradition religieuse devenant un repoussoir) et le divorce devenant la nouvelle norme sociale (1 couple sur 2 en ville divorce, sachant que ces statistiques sont biaisées par les vieilles générations qui elles ne divorcent pas et devraient donc être encore bien pires), il est devenu parfaitement normal de se séparer.
Ensuite, la vague consumériste qui consiste à considérer que tout se consomme et donc par définition se jette, rapidement, s’est appliquée également au couple.
Ainsi aujourd’hui on refuse de faire l’effort. On jette. On ne prend pas sur soi mais on passe au suivant.
Tout cela n’est pas un mal en soi. Et puis de toute façon, pourquoi lutter ?
Par contre cela nous oblige à ce constat : aujourd’hui, le couple est toujours autant de sacrifice mais ne garantit plus du tout d’avoir toujours quelqu’un auprès de soi, surtout dans les moments difficile. D’où cette conclusions implacable : le couple est devenu de la merde.
2/ Pourquoi est-on en couple aujourd’hui ?
Car en effet pourquoi est-on en couple aujourd’hui ? À quoi cela sert-il ?
Être en couple, c’est renoncer à de nombreuses libertés. À celle d’avoir du désir pour d’autres personnes par exemple. À celle de le consommer. À celle de faire ce que l’on veut, quand on le veut.
Être en couple, c’est faire des efforts pour l’autres. C’est se contraindre pour l’autre. C’est essayer de faire plaisir. C’est essayer de comprendre ce que l’autre attend. C’est incontestablement se transformer un peu pour mieux satisfaire l’autre.
J’entends ceux qui disent que l’on n’est pas obligés de se travestir quand on est en couple. Et qu’au contraire, c’est ainsi que l’on tue son couple. Mais alors, pourquoi être à deux ? Pourquoi ne pas rester tout seul ? Car il faut bien le reconnaître : le seul intérêt de faire équipe est de croire que 1 + 1 = 3. Pourquoi accepter des contraintes sinon ?
Mais est-il encore possible que 1 + 1 fasse 3 ? Que peut nous apporter le couple s’il ne nous apporte plus la certitude d’être aimé et d’avoir quelqu’un à côté de soi ?
Les optimistes disent qu’il apporte des « moments de bonheur ». On devrait donc se réjouir de ce que, de temps à autres, le fait d’être à 2 nous rende temporairement heureux (avant d’être malheureux parce qu’on est trompé, quitté, inquiet, contrarié, ou juste piégé dans une routine déprimante). Le deal vous semble-t-il vraiment valoir la peine ?
Les projectionnistes disent que le couple est le terreau indispensable pour avoir des enfants. Et bien entendu, projectionnistes, ils considèrent qu’avoir des enfants, procréer, est l’essence même de l’existence humaine. Mais a-t-on vraiment besoin du couple et de toutes ses contraintes pour avoir des enfants ? Ne connait-on pas tous des enfants orphelins, de parents seuls, normaux, divorcés, ou en trouple qui sont parfaitement heureux ?
Les soumis disent qu’être en couple c’est être normal. Qui a décidé que c’était normal ? Et si la normalité c’était d’être en tribu et de tous copuler ensemble ? Ou si la normalité c’était d’être seul ? Ou bien de vivre à trois ? Ou à quatre ? Avec trois femmes ou avec deux hommes ?
Non, vraiment, je ne sais plus pourquoi on doit être en couple aujourd’hui.
3/ La merde ne dure jamais
Ce que je sais en revanche, c’est que nous vivons une époque incroyable de mutation profonde de la notion de couple. Parce que nous ne pouvons pas rester comme ça. Il n’est pas possible pour l’Homme de rester dans une situation où sa norme sociale, le couple, ne lui apporte plus la satisfaction qu’il était censé lui amener mais continue à lui infliger ses souffrances. La merde ne dure jamais.
Je n’ai aucune idée de ce vers quoi nous allons aller : va-t-on avoir un repli sur ses amis qui représenteront le seul vrai amour pur ? Va-t-on avoir un retour religieux qui nous ramènera vers l’ancien modèle ? Va-t-on avoir une projection amoureuse vers ses enfants à défaut ?
Je n’en sais rien et j’avoue attendre de vivre la réponse avec une grande impatience. Nous allons forcément connaître une transformation profonde à ce sujet dans les 30 prochaines années. Les jeunes générations sont pour le moment en train de pousser à l’extrême, au ridicule notre vieille notion de couple avec les soirées qui deviennent trop souvent des partouzes géantes où la notion même de relation entre un homme et une femme est remise en question. On sait que c’est souvent dans l’extrémisme que naît la transformation en sociologie.
J’attends donc sereinement mais curieux de voir qu’est ce qui remplacera cette merde. Vous avez une idée ?